Il faut restaurer Notre-Dame !

 

Notre-Dame a été réalisée à l'économie

Le projet était trop important pour le budget fixé par les dommages de guerre, 100 MF. Une rapide dégradation du béton en a résulté.

Aucune réception définitive du bâtiment n’a été signée. A vrai dire, l’édifice n’est pas terminé lors de son inauguration, le 10 juillet 1958. Les descentes de pluie ne sont pas prêtes, l’étanchéité n’est pas réalisée, les épaufrures apparaissent sur l’épiderme en béton. Par endroit, l’armature est à nu, livrant aux intempéries les fers qui arment la chair de l’édifice.

 
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Armature
Armature oxydée ayant fait éclater
le béton
 

Le curé écrit à Guillaume Gillet, le 4 octobre 1958 : « l’église est transformée en piscine… ». Le 6 novembre 1959, « les pluies de ces derniers temps relance le problème de l’étanchéité… » Dès 1960, on s’inquiète des réparations que le bâtiment impose. On parle déjà des restaurations à effectuer… Guillaume Gillet consulte plusieurs entreprises, en 1962, afin de proposer une intervention sur l’édifice pour le rendre étanche. En 1964, un rapport, établi à la demande du conseil municipal de Royan, relève des infiltrations et des problèmes d’étanchéité qui font éclater le béton. Des flaques se forment dans l’édifice quand il pleut, des cuvettes et des seaux recueillent les fuites d’eau…

 
 

Des barrières de sécurité s’installent bientôt autour de l’édifice jugé dangereux à cause des blocs de revêtement qui se décollent.

 

Le 8 Juillet 1968, le conseil municipal délibère sur le projet d’un concours appelant à un programme de restauration en trois phases – décapage, réfection du clocher et traitement général de l’édifice afin de le rendre étanche - en accord avec Guillaume Gillet, pour la somme d’environ
1 100 000 F. (dont la moitié est subventionnée par l’Etat). Des traitements sur la couche superficielle du béton ou à l’intérieur de la structure sont envisagés. Mais aucune solution satisfaisante n’est trouvée face à la destruction rapide des bétons et des fers d’armature de l’édifice. Pour restaurer Notre-Dame, les sommes à investir sont tellement importantes que Guillaume Gillet propose à l’Etat de participer aux dépenses, en classant l’église Monument Historique. Cela, dès 1968, soit dix ans seulement après son inauguration. Cette requête lui est refusé parce que l’architecte est encore vivant…

 
Epaufure
Epaufrure de béton causée par la rouille des armatures
 

Classement au titre des Monuments Historiques le 10 février 1988

Mais, après la mort de Guillaume Gillet, en 1987, et devant la persistance de cette dégradation prématurée, un arrêté de classement au titre des Monuments Historiques est enfin pris, le 10 février 1988.

La préparation d’un programme de restauration générale des parements extérieurs est alors engagé en décembre 1989, avec la remise d’une Etude préalable menée par l’architecte des Monuments Historiques, faisant la synthèse des différentes analyses et études précédemment lancées et proposant sur le plan technique, une méthode de restauration et son calendrier en trois phases. Initialement programmée en trois tranches, la restauration, pour redonner une stabilité complète à l’édifice, s’avère avoir un coût et une ampleur beaucoup plus importants que prévu initialement. Ce phasage a donc du être refractionné suivant les nouvelles données.

Le traitement du béton

Les désordres les plus alarmants se situant au niveau du beffroi du clocher, sa restauration a été traitée en premier. Un Projet Architectural et Technique (P.A.T.) concernant précisément le clocher a été alors remis, en novembre 1991 par l’agence de Philippe Oudin. Les travaux se sont déroulés de novembre 1992 à avril 1994. Dans la continuité de ce grand programme, les élévations Sud et Nord ont été partiellement restaurées. La façade Sud, entre octobre 1997 et juillet 1998, et la façade Nord entre octobre 2001 et août 2002. La partie inférieure des façades, constituée de panneaux inclinés préfabriqués en béton, faisant office de couverture au déambulatoire, n’a pas pu être intégrée au projet, du fait de l’importance de la réfection des élévations.

 

La restauration du béton de parement de l’église a donc obéi à une méthodologie précise, identique aux trois phases de travaux réalisés.
Dans un premier temps, toutes les traces de peinture imperméabilisante ancienne, qui n’étaient plus efficaces, sont retirées. De même, les zones de béton éclaté, fissuré, carbonaté , ou bien même suspecté d’une corrosion probable en incubation, sont purgées pour ne laisser que le matériau sain. Dégagées lors de cette opération, les armatures de béton trop rouillées, sont remplacées en restituant les diamètres initiaux.

 
Purge
Purge des bétons laissant apparaître
les armatures oxydées
 
 

Celles qu’il est possible de conserver sont d’abord nettoyées par sablage, puis traitées à l’aide de produits de passivation pour neutraliser la corrosion. Autour de ces armatures redevenues saines, le parement est reconstitué à l’aide d’un micro-béton de liant minéral en prenant soin de respecter scrupuleusement les plans de coffrage originels, tant sur la granulométrie (granulats alluvionnaires provenant de l’embouchure de la Gironde) que sur la couleur, afin de s’harmoniser avec les parements anciens conservés.

 
traitement
Traitement des armatures
 

coffrage
Coffrage du béton sur les armatures
traitées afin de restituer 
les abouts devoiles
 

A cette étape de l’intervention, les zones exposées et fragiles sont définies - abouts et intrados de voile, larmiers des coursives… -
et donc reprises avec un soin particulier. C’est le cas par exemple, des abouts de piliers en V, qui sont prolongés pour un meilleur enrobage des fers. Les fissures sont bouchées également à l’aide de micro-béton. Pour terminer, une patine est appliquée au droit de chaque intervention pour respecter les couleurs générales de l’édifice.

 
 

Le clocher, restauré lors de la première phase, était formé d’un beffroi abat-son composé d’une structure monolithique de poteaux-poutres en béton. Cette ossature, insuffisamment contreventée, avait fini par se déformer.
En effet, sous les effets conjugués des cloches lancées (dans un axe Est-Ouest) et du vent, l’équilibre de la structure n’était plus assuré. Des fissures ouvertes laissaient des aciers affleurer. Si les dispositions originelles du clocher n’ont pas été modifiées lors de la restauration, un nouveau beffroi, en bois, indépendant de la structure béton a été mis en place pour répondre aux exigences techniques et architecturales. Afin de moins solliciter l’ouvrage, cette nouvelle ossature chargée de porter les cloches a été placée dans la partie inférieure du clocher, et l’axe de balancement des cloches a été modifié dans le sens Nord-Sud (sens de la plus grande largeur du clocher).

 
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Les coursives-triforium appartenant aux élévations ont également fait l’objet d’interventions particulières : les meneaux en terre-cuite ont été restaurés avant de recevoir des vitres neuves. La protection de cette partie saillante a été assurée par une feuille de plomb.

Quant aux tourelles d’escalier, leurs emmarchements dégradés ont été restitués en béton. Entièrement vitrés, leurs meneaux en terre-cuite ont été restaurés et badigeonnés à l’aide d’une barbotine ciment, comme ils l’étaient à l’origine, pour uniformisation avec le reste de l’édifice. Tout comme les coursives, elles sont pourvues de vitres neuves et la protection de leur couverture est assurée par des feuilles de plomb.

 
Escalier
Emmarchement d’un escalier avant les travaux
 


Enfin les panneaux de vitrail des immenses fenêtres hautes ont été déposés par travée complète pour être nettoyés. Tous les éléments de fixation ont été remplacés en inox et l’étanchéité a été entièrement refaite à l’aide de bandes comprimantes efficaces.

 

l’étanchéité

A l’issue de ces trois tranches de travaux, il apparaît encore plus évident que la problématique à résoudre pour sauvegarder l’église Notre-Dame de Royan est l’étanchéité. Tous les désordres constatés sur le bâtiment ont pour cause première les infiltrations d’eau dues à une étanchéité défaillante. Et si Guillaume Gillet avait doté son édifice d’une étanchéité constituée de feuilles de type paxaluminium pour la toiture, il a du cependant, en 1962, faire appliquer en plus une peinture étanche sur les ouvrages, pour pallier les problèmes d’infiltrations entre les panneaux préfabriqués. Les années ont malheureusement montré que sa technique n’a pas été des plus efficace.

Il s’agissait donc de réfléchir à une solution aussi probante qu’esthétique. Cette réflexion a été menée parallèlement à la réalisation de la dernière Etude préalable menée par Philippe Oudin, concernant l’achèvement de la restauration extérieure. Remise le 2 décembre 2003 et approuvée le 8 juin 2004, celle-ci détaille toutes les interventions restantes pour assurer la pérennité de l’église : élévation Ouest et l’auvent, achèvement des élévations Nord et Sud, ainsi que tous les voiles inférieurs couvrant le déambulatoire courant autour de l’édifice. Il restera également la terrasse est, le baptistère, la toiture de la nef et les intérieurs, pour une restauration complète. La ville de Royan avait d’ores et déjà commandé à l’atelier du maître-verrier Henri Martin-Granel et ses fils, les vitraux rectangulaires des chapelles latérales du choeur et des entrées Nord-Est et Sud-Est, qui étaient restés inachevés et munis de panneaux d’onduline transparents provisoires. Ces vitraux illustrant des scènes de la vie de Jésus et de la vie de la Vierge, ainsi que les vitraux du baptistère et du bénitier, sont aujourd’hui presque achevés.

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La réflexion autour des problèmes d’étanchéité a rapidement montré l’utilité d’une nouvelle étude spécifique concernant plus particulièrement la mise hors d’eau et la protection des voiles inclinées inférieures couvrant le déambulatoire. Il a semblé que seule une protection rapportée puisse assurer définitivement cette opération. Après l’analyse de plusieurs possibilités (nouvelles dalles en béton, protections métalliques en cuivre ou zinc…), c’est l’emploi d’une protection en plomb qui s’avère répondre le mieux aux exigences de la restauration, tout en s’adaptant aux lignes architecturales particulières de l’édifice, sans support mais avec une simple et fine interface. Le plomb présente par ailleurs une teinte neutre en harmonie avec la teinte du béton brut. Cette solution pourrait, en habillant les parties inférieures de l’édifice, répondre aux besoins fonctionnels, sans altérer l’intérêt esthétique.

Il subsiste également aujourd’hui le cas particulier de l’auvent de l’élévation occidentale. En effet, ce dernier n’a jamais été réellement achevé et les aménagements en place, dus à des compromis financiers, constituaient pour l’architecte Guillaume Gillet, un état temporaire. L’orientation plein Ouest, exposée aux pluies et aux vents dominants, avait nécessité la réalisation d’un sas provisoire protégé par des panneaux d’onduline. Pour restaurer ce portail, nous avons cherché une solution afin de dégager les portiques et de redonner l’aspect sculptural de l’auvent. Le projet de réalisation d’un sas en forme de prisme de verre, qui répondra à la fois à la transparence et à l’appréhension des formes, a ainsi été formulé dans la dernière Etude préalable.

 
Projet
Projet pour l’auvent Ouest
 


Il appartient dorénavant à tous les anciens et nouveaux acteurs de la restauration, de poursuivre l’impulsion donnée, en s’inscrivant dans la continuité de ce grand projet.

Texte et iconographie de P. Oudin, Architecte en chef des Monuments Historiques.

 
 
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